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Enfantises & Co
7 novembre 2015

Mon enfant est malheureux à l'école: et si on passait au homeschooling?

2048x1536-fit_extrait-affiche-gagnante-concours-mobilisons-contre-harcelementA l'heure où le harcelement scolaire est plus présent que jamais dans les médias je suis étonnée du manque d'information quant à l'option d'assurer soi-même l'instruction de ses enfants. Tous les débats tournent autour de l'école et les solutions proposées résident, le plus souvent, à continuer à y aller coûte que coûte pour montrer que quand même, on est les plus forts et on ne se laisse pas marcher sur les pieds comme cela; ou alors de changer d'établissement le plus vite possible et donner à l'enfant un temps pour souffler, des espoirs d'un mieux (espors souvent déçus d'ailleurs car l'enfant reste ce qu'il est avec sa sensibilité et ses différences, l'établissement, bien qu'autre, reproduit, lui, tous les autres établissements avec les mêmes problèmes dans un autre lieu, les mêmes causes y créant les mêmes agresseurs en quête d'identité et du groupe, bien qu'avec d'autres noms et visages).

 

La déscolarisation, elle, est souvent envisagée comme une solution de dernier recours et vécue, au moins dans un premier temps, comme un échec par la famille et par l'enfant.

 

Sans nécessairement parler des cas graves dont certains font retentir les médias et les réseaux sociaux faisant larmoyer les masses et provoquant d'interminables débats entre les experts de tout poil, qui, tous, s'accordent sur un point crucial povant se résumer par "c'est scandaleux, c'est malheureux, mais on n'y peut rien", je crois qu'il serait bon, en tant que parent, surtout, de se demander si son enfant est heureux et à sa place dans un établissement scolaire et si l'instruction en famille ne lui conviendrait pas mieux dans l'absolu ou pour un temps: c'est une solution, au même titre que de changer d'établissement, forcer un saut de classe, aller vers une école Montessori... il ne faut jamais oublier que l'école n'est pas un but en soi mais avant tout un moyen (de l'instruire, de lui ouvrir de nouveaux horizons, de l'aider à s'épanouir, de mener vers l'âge adulte, etc), à partir du moment où elle ne remplit plus son rôle pour votre enfant pour une raison ou une autre il pourrait être utile de s'interroger sur sa pertinence.

 

Maman d'enfants intellectuellement précoces qui avaient du mal à trouver leur place dans des établissements scolalaires j'ai déjà parlé de leur transformation depuis qu'ils sont devenus des homeschoolers en mars dernier. Mais je me souviens aussi de mes doutes, de mes interrogations, de mes peurs au moment de prendre cette décision; l'estomac se serrant au moment de l'envoi des courriers et du retrait de l'école, ce sentiment de grand saut dans l'inconnu et dans le vide. Si mon choix est compris et respecté par mon entourage, je constate aussi que les clichés et idées préconçues ont la vie dure et j'y reviens régulièrement dans les discussions avec mes amis/contacts; je lis aussi les mêmes interrogations sur des groupes dédiés aux parents d'enfants intellectuellement précoces (qui sont peut-être encore plus que les autres en décalage avec le système classique), les mêmes peurs aussi. Je pense qu'il est important d'en parler, de témoigner de notre expérience, afin qu'un maximum de parents puisse connaître et envisager cette option aux côtés d'autres comme les écoles plus ou moins alternatives et les résaux d'aide associatifs.

  • Toi, tu peux le faire, mais tous les parents n'ont pas les connaissances pour instruire leurs enfants est une phrase qui revient souvent, avec sa corollaire "est-ce que je suis capable d'enseigner?". Oui, vous l'êtes. Car ce qui compte pour un enfant, c'est d'avoir à ses côtés un adulte engagé et désireux de faire de son mieux. C'est avec vos encouragements que votre enfant a fait ses premiers pas, prononcé ses premiers mots... pourquoi ne serait-il pas de même pour la lecture, le calcul, l'histoire? Mis à part certains cas très particuliers je crois qu'un parent qui a de la motivation et de l'amour est capable d'accompagner son enfant vers les apprenissages. Vous savez lire? Alors vous avez la capacité de (re) découvrir tout ce que vous avez oublié! A moins que votre modèle éducatif et vos convictions ne vous poussent vers le unschooling (cette option n'est pas envisageable pour nous mais de nombreuses familles en sont ravies). Soyons honnête: l'école elle-même reconnait que les apprentissages, au moins juque la fin du primaire, sont plus que rudimentaires, l'essentiel étant le "vivre ensemble" et le "devenir élève". Mais si ce fameux "vivre ensemble" était le point qui coince et laissait votre enfant sur la touche, que lui resterait-t-il de toutes ces années?

 

  • Il est sauvage, il a besoin de se socialiser est une autre des inquiètudes récurrentes. Mais posons-nous la bonne question: tout le monde est-il voué à devenir un chef de bande ou même de faire partie d'un groupe à tout prix (tiens, on en revient au fameux problème de harcelement)? Y a-t-il un nombre idéal "d'amis"? la quantité prime-t-elle sur la qualité? Pensez-vous que les artistes les plus talentueux, des écrivains ayant marqué leur époque, les scientifiques les plus émérites ont été des chefs de bande entourés de suiveurs? Tous sont différents; pour ce qui est de la socialisation chaque enfant, de même que chaque adulte, a sa propre jauge, ses propres besoins, son propre équilibre entre groupe et solitude. Pour un enfant, une autre donnée s'y ajoute: celle de la maturité. Tous ne sont pas prêts à quitter le milieu familial à deux ou trois ans; un "sauvage" de deux ans peut devenir un enfant très sociable quand il en aura quatre ou cinq pour le peu qu'on lui laisse le temps de se sentir prêt, d'amasser assez d'amour et de confiance en lui pour se sentir capable d'aller vers les autres. Et si, même plus grand, son monde intérieur était si riche qu'il n'avait pas besoin de foules ou qu'il préférait lire plutôt que de taper dans le ballon? Serait-ce grave?

 

  • Un autre point qui touche la socialisation c'est je ne veux pas le couper du monde, il a besoin de rencontrer des gens. Honnêtement: à moins que vous ne viviez au fond d'une grotte cela ne risque pas d'arriver! Et puis qui a dit qu'un enfant avait besoin de passer huit heures par jour avec des inconnus ou presque? Qui a dit que se socialiser c'était d'être en groupe imposé avec trente personnes de même âge que vous n'avez pas choisi et avec qui vous n'avez pas droit de parler? Si vous instruisez votre enfant à la maison, il passera certes plus de temps "seul" ou plutôt en votre compagnie et celle de ses frères et soeurs. Cela a d'une part l'avantage de resserer les liens familiaux (car la famille n'est pas PERSONNE) et d'autre part vous gagnerez du temps pour l'accompagner au sport, lui faire pratiquer la musique, le théâtre...  où la fameuse socialisation aura pour base un intérêt, une passion commune et pas uniquement la date de naissance. Vous pouvez aussi sortir au parc à quatre heures pour revoir les anciens copains de l'école ou les inviter à la maison. Vous pouvez prendre contact avec d'autres familles non-sco: certaines régions ont des réseaux très dynamiques. Ici, quatre enfants et nous n'avons qu'un jour par semaine sans activités à l'extérieur (et généralement, si je leur propose de sortir ce jour-là il le refusent).

 

  • Il a besoin d'apprendre la rigueur. Nous sommes d'accord, il en a besoin. Et il en aura l'occasion à travers la musique ou le sport, ou n'importe quelle autre activité, avec, en prime, un adulte encadrant heureux d'être à sa place, passionné par ce qu'il fait et susceptible de transmettre cette passion à votre enfant tout en le motivant à donner le meilleur de lui-même et lui servant d'exemple.

 

  • Et s'il voulait se diriger vers un domaine qui demande des études supérieures, en aurait-il le niveau? J'aurai aimé dire que oui, bien sûr, mais la vérité c'est que vous n'en savez rien. Pas plus en le scolarisant qu'en l'instruisant vous-même. Toutefois, je vous propose quelque pistes de réflexion: quel est le taux d'échec scolaire, déjà? En ouvrant à votre enfant des horizons aussi riches que possible, en l'encourageant, en soignant sa confiance en lui, le soutenant dans ses idées et centres d'intérêts et en l'aidant à trouver une façon de travailler qui lui convienne (et qui n'est pas forcément celle du voisin..) vous lui donnez les clés; à lui d'être suffisamment motivé et persévérant pour s'en servir: vous ne pouvez de toute façon pas faire davantage, quel que soit le mode d'instruction choisi. Toutefois, les études tendent à démontrer que les enfants scolarisés à la maison sont, proportionnellement, aussi nombreux à accéder aux études supérieures que les autres. (je vous laisse consulter celle-ci qui est canadienne - en France elles font cruellement défaut; je vous recommande aussi de jeter un oeil sur ce blog d'une jeune fille n'ayant jamais mis les pieds à l'école et préparant actuellement son master 2)

 

  • Il doit se préparer à la vie adulte, on ne fait pas toujours ce que l'on veut. Retournons la situation: prenez un adulte et imposez-lui, en permanence, le bruit, les cris, le manque d'intimité, les horaires stricts, une hiérarchie sévère, les collègues parfois agressifs car eux-même à cran... qu'est-ce que cela vous évoque? Bingo! Au mieux, un de ces ces imenses bureaux des cenres d'appels, ceux-là même où l'on déplore les dépressions parmi les employés et un fort taux des suicides. Comment voulez-vous qu'un bambin de trois ou cinq ans, ou même un ado calme et solitaire y trouve sa place et réussisse à s'y épanouir? Est-ce le genre de vie adulte que vous souhaitez pour votre enfant? N'existe-t-il pas aussi tous ces adultes qui, en accord avec leur personnalité et leurs aspirations, choisissent de travailler à leur compte, dans un laboratoire, ou même au fin fond de l'Amazonie plutôt qu'en grand groupe et dans un bureau? Cette vie-là n'est-elle pas possible? N'est-il pas essentiel, avant toute autre chose, de trouver sa place en accord avec qui on est?

 

  • J'aimerai bien mais je n'en ai pas les moyens. Il existe autant d'instructions que de familles. Internet est une mine inépuisable d'informations et de ressources, il existe aussi des ludothèques, des associations; nombre d'activités ne coûtent rien, les musées organisent parfois des acivités durant les vacances scolaires pour quelque euros, certaines communes mettent en place des subventions permettant de découvrir de nouveaux sports (ainsi, l'an dernier, mes enfants on fait un stage "escrime et science" sur cinq après-midis pour seulement cinq euros par personne!) Par ailleurs, vous ferez aussi quelque économies: plus de cantine, moins de transport... certaines familles réorganisent aussi leur temps de travail ou optent pour du travail à domicile. Vous pouvez vous tourner des des groupes facebook ou des forums pour avoir davantage de témoignages. En faisant le tri dans ses priorités et en trouvant des solitions pour faire ce qui vous tient à coeur vous offrez aussi à vos enfants le meilleur des exemples qu'aucun maître d'école, quels que soient ses diplômes, ne saura enseigner.

 

Enfin, une dernière choses et non des moindres: l'instruction étant obligatoire entre 6 et 16 ans vous pouvez rescolariser votre enfant à n'importe quel moment de l'année dans l'école de votre quartier: ils ont l'obligation légale de l'accepter. Vous pouvez donc tout à fait envisager l'IEF pendant quelque mois ou une année, "essayer pour voir" et changer d'avis si ce mode de vie ne convenait pas à votre famille. Rien n'est définitif, à vous de trouver la meilleure solution pour cet être unique qu'est votre enfant.

 

 

 

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Commentaires
S
Très vrai ! On peut désco son enfant n'importe quand dans l'année aussi, pas besoin d'attendre la rentrée suivante ! Que l'enfant soit en détresse ou par choix de la famille, l'IEF 'instruction en famille) est une vie sans stress, juste l'angoisse du contrôle annuel pour les parents, parce que le jeune lui, y va sans se poser de questions, il a appris à avoir confiance en lui...nous on a plus de mal !
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