153 jours en hiver

Il y a un bon moment déjà, j'avais parlé ici des conditions qui me semblent importantes pour qu'un enfant attaque la lecture dans de bonnes conditions: ouvrages variés présents en nombre dans son quotidien, parents lecteurs, notion de plaisir...

Je dois dire que depuis j'ai eu occasion de souvent douter de moi: mon Huitans, en effet, n'est toujours pas devenu un lecteur acharné, j'avais beau faire tout mon possible, rien n'y faisait!  Des documentaires sur des sujets qui le passionnent? Il se contentait de regarder des images. Des romans? Il n'en terminait aucun. Pourtant, la volonté y était: il a commencé, tour à tour, les Gardiens de Ga'Hoole, les Cabane magique, Les royaumes du feu, Harry Potter... Comme par ailleurs il se plaignait des maux de tête, de la difficulté à se concentrer et fait des fautes inimaginables, sans rapport aucun avec ses capacités intellectuelles, en copiant un texte j'en suis venue à me demander s'il n'était pas dyslexique!

J'ai donc décidé de tout remettre à plat et lui refaire la lectire, rien que pour lui, comme quand il était plus petit en te savait pas encore lire, afin de retrouver le plaisir qui a fini par se perdre dans toutes ces tentatives non-concluantes.

Comme bonhomme aime la nature j'ai naturellement pensé qu'Eric au pays des insectes lui plairait: un soir, un petit garçon rétrécit et pénètre dans un tableau representant un pré et découvre le monde incroyable des arthropodes. Mais il n'a encore pas accroché; nous avons terminé le roman tant bien que mal. Non pas que j'aie quelque chose à reprocher à ce livre, mais juste "la sauce n'avait pas pris" comme on dit, même si par ailleurs nous avons eu quelque bons moments de rigolade.

Par contre, il avait adoré La famille aux petits oignons que nous avons déjà lus trois fois en histoire du soir le soir et dont on ne se lasse pas! Cela nous fait penser à notre propre famille - quatre garçons - et certaines scènes ont l'air de sortir de notre propre quotidien, alors forcément, le relire est toujours un plaisir en famille (même mon mari écoute!), avec beaucoup de rires.

Et puis, Fiston s'est passionné pour la Iere Guerre Mondiale. Nous avons lu le Fleurus, regardé C'est pas sorcier et... j'ai sorti un roman que mon aîné avait reçu en cadeau d'anniversaire et qu'il n'avait jamais ouvert, car il affectionnait surtout des histoires fantastiques.

Mon père est parti à la guerre est un roman émouvant, dur parfois, conseillé plutôt pour des enfants à partir de dix ans, dont je parlerai dans un autre article. Mais surtout, ô miracle! Mon fils a accroché. Vraiment accroché. Tous les soirs, il était impatient que je lui lise, en journée il faisait le parallèle entre ce qu'il avait lu et ce qu'il découvrait dans les documentaires au sujet de cette guerre, en parlait régulièrement. Et c'est ainsi que j'ai découvert que mon fils n'était intéressé que par des histoires réalistes, mettant en scène de "vraies" personnes, bien loin des dragons et magiciens si chers à son grand frère.

Riche de ce constat, lors de ma dernière sortie en librairie j'ai choisi un petit roman qui, à mon sens, réunissait tous les critères pour plaire à mon fils: une histoire réaliste, un monde proche de la nature, des relations humaines et.. des rapaces (qui, après des années de "dinosaurologie", sont devenus la nouvelle passion du Huitans); Bonus: les chapitres sont courts (on évite donc la situation où il s'endormirait au milieu d'une déscription interminable et aurait du mal ensuite à s'y retrouver), le langage fluide, soigné sans être guindé, avec beaucoup de dialogues ce qui rend le récit encore plus vivant. Et un petit plus, je lui ai pris une édition avec un dossier d'exploitation à la fin de l'ouvrage, comportant des questions de compréhension et des petits jeux. Je vous parle de 153 jours en hiver  de Xavier-Laurent Petit aux éditions Flammarion Jeunesse!

Et ô miracle, cela a fonctionné!! Mon fils, que je devais supplier presque de lire un chapitre par jour, lit de lui-même matin et soir, parle de sa lecture, y prend du plaisir! Je reviens donc à mon premier constat: si un enfant n'aime pas lire c'est qu'il n'a pas encore trouvé LE livre qui lui fasse aimer la lecture! Le comble: ce roman est recommandé à partir de 11 ans et, d'après les commentaires sur Amazon, est régulièrement choisi par les professeurs de français de 6eme et de 5eme. Ainsi, si mon fils n'arrivait pas à lire des ouvrages destinés à son âge c'est surtout pour deux raisons: histoires essentiellement fantastiques le laissant de marbre, et ouvrages trop simplistes pour mon zébrillon, qui, malgré quelque difficultés au déchiffrage, a quelque années d'avance d'un point de vue cognitif.

Au sujet de ce roman maintenant: le résumé de l'éditeur nous évoque un histoire qui se passerait en Mongolie, entre une petite fille et son grand-père au caractère rude, avec qui une complicité finit par s'installer grâce à la passon commune pour la fauconnerie.

"Galshan doit passer l'hiver chez son grand-père, Baytar. Elle le connaît à peine, car il habite seul au coeur des steppes mongoles. Galshan n'est pas habituée à de telles conditions de vie, et encore moins au caractère difficile de son grand-père ! Elle compte avec angoisse les cent cinquante-trois jours à venir, jusqu'à ce que la capture et le dressage d'un aigle leur apprennent à s'apprivoiser l'un l'autre."

Un court extrait: "Galshan et Baytar laissèrent leurs chevaux se reposer au fond du vallon. Les bêtes humèrent le sol dans l'espoir de retrouver la source prisonnière de la neige, mais elles durent se contenter de mâchonner les rares herbes recouvertes d'une gangue de gel."

A noter que ce roman est aussi un excellent living book qui apporte beaucoup de renseignements sur la nature sauvage, dressage de chevaux, fauconnerie et bien sûr la culture mongole.

153 jours en hiver

Xavier-Laurent Petit

Editions Flammarion Jeunesse

6,10 euros