Un petit Montessori au Jardin des Plantes [les escargots]

Il est un âge merveilleux où l'école n'a pas encore fait irruption avec sa floppée de dogmes, de programmes ni de rythmes scolaires et où les enfants ont le luxe d'apprendre comme cela leur chante. Certains en profitent plus que d'autres en raison de leur date de naissance: c'est ainsi que Monsieur V. qui a vu le jour entre Noël et jour de l'An ne fera "malheureusement" pas sa rentrée en septembre prochain dans une école surchargée et ce malgré sa presque-propreté, un langage riche, un naturel curieux et trois grands frères zébrés pour le stimuler. Qu'à cela ne tienne! Il aura une année de plus pour avancer à son rythme au fil des jours et des saisons. En attendant son entrée en collectivité (en supposant que l'on puisse imaginer toutefois qu'il n'y soit pas encore, alors qu'il fait parie d'une famille de six personnes), il profite de tout ce temps libre pour découvrir le monde, tout simplement. Et il ne perd pas son temps! C'est ainsi que j'ai assisté à une expérience fort intéressante lors de notre sortie du samedi dernier: Deuz nous a été ravi pendant deux jours par les parents d'un petit camarade pour sa plus grande joie; Troiz, accompagné de son père, s'était rendu à un tournoi sporitf. Grand Frère avec nous mais sans y être puisque plongé dans la relecture de son cher Harry Potter. Nous voici donc presqu'en tête-à-tête avec Monsieur V., deux ans et demi, dans un magnifique endroit à la découverte de la nature. Il est fabuleux de constater comment de jeunes enfants trouvent toujours quelque chose à faire: Zébrantin a commencé donc par "conduire" un TGV (une branche de mûrier descendant presque jusque sol, une feuille en guise de volant) avant de trouver un joli "Cagot!!". Que de joie, que d'enthousiasme à cette découverte!! J'ai couru le rejoindre dans son "train" et nous y avons trouvé des dizaines de coquilles de trois espèces différentes: des larges et applaties, des "classiques" et des petites. Je me suis éloignée vers le banc en laissant Monsieur V. s'approprier sa découverte, mais il avait besoin de compagnie et avait préféré venir me rejoindre, en apportant une partie de son précieux trésor :)

C'est là que j'ai pu l'observer faire de lui-même un véritable travail tel qu'on en voit dans la pédagogie Montessori: tout d'abord, Monsieur V. a mis de côté les petits escargots et disposé les "classiques" à l'endroit (trou vers le bas) et les "plats" à l'envers (il aurait d'ailleurs du mal à faire le contraire en raison de leur forme!); ensuite, il les a tous alignés et nous les avons comptés; puis il les déplacés, séparés en petits groupes en les classant par leur forme, puis il les a examinés, observés, tâtés, encore déplacés et réorganisés... cela a duré une bonne vingtaine de minutes et quand il eût terminé... il les avait simplement lancé dans l'herbe, un par un, en riant!

Ce jeu anodin n'a nécessité ni programme, ni matériel, ni organisation particulière. Juste une belle journée, un picnic, de la disponibilité, de la bonne humeur. Et Monsieur V. a travaillé -tout seul et de lui-même- le tri, les formes, les tailles, les couleurs, les alignements, les mathématiques, la manipulation de petits objets et le langage (oui, le langage, car à chaque nouvelle manipulation il commentait ce qu'il faisait: "devant, "à côté"...). Vingt minutes de pur plaisir et de travail intense d'un enfnat concentré qui lui seront certainement plus profitables qu'une journée entière à faire des ateliers chronométtrés et imposés dans une classe de trente personnes.

J'aime beaucoup l'approche Montessori, même si j'ai davantage de doutes quand elle concerne les enfants plus grands (contrairement à la mode populaire du moment, moi je souhaiterai que mes enfants fassent de longues études, je ne me vois pas les laisser faire uniquement ce qui leur plaît parce qu'à six ans ils aimeraient être hockeyeur ou dessinateur - la vie est longue, beaucoup de choses peuvent changer et nous vivons malgré tout dans une société avec un certain nombre de codes et de règles); en revanche je suis absolument admirative devant cette liberté offerte à l'imagination des tout-petits, et puis, une approche avec du concret c'est tellement plus intéressant et ça parle tellement mieux! Enfin, il faut rendre à César ce qui est à César (et en occurrence, à Maria ce qui est à Maria): les enfants possèdent en eux une force, une curiosité, un enthousiasme qui les poussent à aller de l'avant et à voir de la magie de la découverte dans un bout de bois, un chiffon, un caillou ou un escargot, si bien que parfois (souvent), il n'y ait vraiment  besoin ni de programme, ni de rythmes scolaires pour qu'ils apprennent. Il faut les laisser vivre tout simplement.

Et pour renouer avec cette découverte d'escargots je pense prochainement lui offrir ce joli album aux illustrations de Selma Mandine qui me fait de l'oeil depuis quelque temps déjà, et, pourquoi pas, retourner chercher quelque coquilles au Jardin des Plantes et les peindre?

Comments

[isa]

très bel article. Qui donne envie, et fait rêver la maman que je suis.

je suis toujours très enthousiaste de lire les "aventures" de tes loulous et même presque jalouse lol

ils ont une approche des chose qui font que c'est juste magique. beaucoup de créativité et de recherche dans leur jeux.

Je rêve que monstro number three arrête enfin de jeter les jouets qui lui passent sous la main pour enfin essayer de s’approprier un jeu de manière différente et que se soit plus enrichissant pour lui.

bref V. a bien de la chance de pouvoir rester encore 1 année avec sa maman afin de profiter des joies des découvertes qu'il aura CHOISIT de faire et qui ne seront pas imposés par l'école =)