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Enfantises & Co
8 janvier 2016

Choisir sa pédagogie

9014f754013cb5a406b0eb55108883f5Dans le peit monde du homeschooling j'ai parfois le sentiment d'être une sorte de outisder: en effet, je ne me reconnais dans aucune des lignées phares de cette communauté: nous ne sommes pas des unschoolers, pas plus que Montessoriens ou n'importe quelle autre pédagogie bien définie; la culture générale, la connaissance et les diplômes sont importants à mes yeux et constituent non pas un but en soi bien sûr mais un chemin certain et une clé supposée permettre à mes ouistitis d'aller aussi loin qu'ils le souhaitent dans leurs études dans le domaine de leur choix. Je pense qu'en tant qu'être humain, par respect pour soi et pour les autres, on se doit de donner le meilleur de ce que la nature nous a offert; on a bien sûr le "droit" de ne pas comprenre ou ne pas réussir du premier coup mais certainement pas de bâcler son travail! Ici l'excellence n'est pas un gros mot.

 Toutefois nous ne prenons pas de cours par correspondace et ne suivont pas d'emploi du temps bien défini - hors cours particuliers, musique et sport bien évidemment - le travail fluctue en fonction des jours, de la forme des uns et des autres, du matériel dont je dispose, de la météo...

Je me suis intéressée à différentes pédagogies sans toutefois pouvoir en sélectionner une qui nous convienne; pour le peu que j'en connaisse, il y a toujours un petit quelque chose qui me chiffone et m'empêche d'être convaincue à 100% qu'elle soit faite pour nous.

 

Suivre à notre rythme, plutôt soutenu, les programmes et les méthodes classiques de l'Education Nationale? C'est ce que j'ai fait les premiers mois avec mes, à l'époque Presquesix et Huit ans: nous avons passé nos journées à apprendre à nous concentrer, à ne rien faire d'autre que son exercice, à suivre les consignes et à terminer ce que nous avions commencés. Naturellement, cela a été un gros défi pour mes "surdoués" que l'école avait habitués à dormir en classe et travailler bien en-dessous de leur vitesse naturelle! D'office j'avais pris les manuels d'un niveau d'un an au-dessus  pour mobiliser davantage leurs ressources cérébrales; ces semaines de travail plutôt intensif ne se sont pas faits sans crises de larmes, mais leur ont fait beaucoup de bien: Huitans a repris confiance en lui, voyant qu'il était CAPABLE de faire bien plus et mieux que ce que l'on lui faisait croire (au début, voyant CE2 sur la couverture du manuel, il hurlait d'office "j'y arriverai pas"), quant au plus jeune il est devenu plus posé, moins agité; ce travail intellectuel intense dont pourtant il n'était pas demandeur l'apaisait; lui, l'enfant indomptable qui démolissait tout sur son passage a enfin réussi à se poser, à inventer des histoires avec ses Playmobil, à regarder des livres... Néanmoins, petit à petit, nous nous éloignons de plus en plus de cette manière de travailler très exigente, chronophage et fatigante: au bout de moins d'un an les deux ont déjà plus de deux ans d'avance en mathématiques et un an en français (et je me remets à sauter les paragraphes), par ailleurs, je trouve qu'apprendre les matières de "culture générale" - histoire, géographie, sciences, art... dans des manuels scolaires est d'une tristesse et d'un ennui sans nom. Sans parler que la progression officielle ne me semble pas toujours très logique ni adaptée à des enfants intéllectuellement précoces.

 

Montessori? L'approche sensorielle me plaît beaucoup, de même que le fait que l'enfant soit autonome. Mais je n'ai ni la place, ni les moyens financiers pour tout ce matériel extrêmement coûteux et nécessitant d'être changé régulièrement, d'autant plus que j'ai quatre enfants! Et puis, je ne suis pas convaincue qu'une méthode basée sur la répétition puisse, à long terme stimuler mes zébrillons. J'y pioche donc seulement les cartes de noménclature, certans jeux, éventuellement quelque pièces de matériel qui me semblent les plus inéteressantes et pourvues d'une durée de vie relativement plus longue. Par contre nous avons beaucoup de jeux de construction (kapla, lego, geomag, circuit à billes, meccano etc), je suis friande de jeux de création et divers kits de découverte, les garçons aiment faire de la pâtisserie et de la couture...

 

Charlotte Mason? C'est sans doute la pédagogie, qui, dans l'idéal, me plait le plus. A deux détails près: nous habitons dans un appartement en ville; difficile donc de passer quotidiennement plusieurs heures dehors, en particulier lorsque l'on a quatre enfants d'âges et de niveaux différents à gérer sans jardin ni square à proximité et que l'on n'a pas le permis de conduire. Et aussi, j'aurai du mal à instaurer une routine d'activités courtes: j'ai essayé, mais j'ai du mal à interrompre un enfant bien lancé, passionné, dans le travail de maths ou de son instrument de musique pour lui proposer autre chose (là-dessus je rejoins plutôt Maria Montessori ou les unschoolers...). Il me semble important aussi qu'ils finissent leur travail, plutôt que d'attendre que l'heure passe si un exercice ne leur plaît pas, quitte à aller jouer plus tôt ou au contraire, rajouter un exercice supplémentaire s'ils en redemandent. J'aurai également du mal à me passer de manuels de maths et de français. En revanche, ici les livres ont bel et bien une place de (premier) choix: ils sont omniprésents physiquement et dans nos activités, l'idée des living books me plaît énormément et en effet c'est notre support privilégié pour tout ce qui touche la culture générale. Nous avons également des livres de siècles et nous essayons de sortir dans la nature le plus possible l'été et le week-end; j'aurai aimé en faire plus mais ce n'est pas possible pour nous.

 

Unschooling? Comme beaucoup j'ai vu Etre et devenir et j'en ai été bouleversée. Toutefois, je ne me vois pas m'engager dans cette voie pour mes enfants, en tout cas, pas totalement et pas sur la totalité du temps. Que se passerait-il s'ils devaient être rescolarisés? J'ai confiance en mes enfants, mais beaucoup moins en l'école: comment compter sur la bienveillance, la compréhension, l'intelligence d'un professeur alors qu'ils ont parfois tant fait défaut lorseque mes enfants étaient encore scolarisés? Non pas que je doute de l'existance de bons, mais surtout je pense être lucide quant au fait que je n'ai aucue garantie de tomber dessus. Par ailleurs, je ne suis pas d'accord avec l'idée que l'enfant puisse être seul à décider quel savoir serait utile pour lui. L'enfant n'est pas un adulte; c'est un être immature, dépendant, qui apprendra seulement avec du temps à dominer ses pulsions et à refreiner ses envies, je pense qu'il est de mon devoir de parent de le guider, de lui expliquer, de lui proposer, de lui imposer et aussi interdire parfois. Nous pouvons débatre tout notre soûl sur l'arbitraire des normes sociales et des diplômes, toutefois il est important aussi d'en transmettre ne serait-ce que parce qu'il devra vivre dans cette société, s'y faire une place, y trouver un travail qui lui permette de s'épanouir tout en vivant décemment. Là où je rejoins les unschoolers c'est dans l'idée de permettre à l'enfant d'aller aussi loin qu'il le désire dans ses passions, toutefois en plus de cela je pense qu'il est important qu'ils aient un bagage "de base".

 

 

Ainsi, nous navigons quelque part à mi-chemin entre toutes ces pédagogies, et, j'ai envie de dire, les idéologies qui vont avec. Ils se lèvent le matin quand ils ont assez dormi ce qui s'échelonne généralement entre 7h30 et 9h30/10h (petite concession sur ce point, je réveille le Presquado de onze ans qui a tendance à décaler son rythme vers le soir), nous déjeunons et nous mettons au travail entre 9 et 10 heures et travaillons jusque 13 heures environ puis on reprend vers 14h/14h30. Nous n'avons pas d'emploi du temps précis mais j'ai expérimenté pas mal de choses et celle qui fonctionne le mieux, je trouve, est la liste de tâches de travail à accomplir dans une journée: j'ai un gros cahier où je note les leçons, les activités, les exercices, etc. Ils en prennent connaissance le matin et sont libres d'effectuer les matières dans l'ordre qu'ils souhaitent, à quelque détails près (comme les cours particuliers à l'heure imposée naturellement ou encore la dictée qui réquert ma présence donc doit être coordonnée avec un travail autonome pour les frères). Ils ne finissent pas toujours cette liste, mais dans ce cas il commencent le lendemain par ce qui n'a pas été fait et réduisent l'écart au fil des jours (et je réajuste le tout régulièrement pour ne pas les laisser dans l'échec). Parfois, ils finissent rapidement et dans ce cas nous faisons des activités manuelles, ou sortons, ou même je les laisse jouer davantage. Naturellement, l'aîné a le plus de travail; c'est aussi celui qui a le plus de mal à s'organiser, s'obliger à travailler et se concentrer, mais après tout il n'est à la maison que depuis deux mois... quant au petit dernier qui vient d'avoir 4 ans, je le laisse aller et venir à sa guise; certains jours il n'aura rien fait du tout, d'autres nous aurons lu quantité d'albums, fait de la peinture, travaillé sur ses cahiers... j'essaie d'être à la fois exigente pour les mathématiques et le français que nous travaillons quatre jours par semaine avec des manuels et autres supports dits "scolaires" mais nous lisons surtout des living books pour ce qui concerne l'histoire, la science, les arts... Nous ne regardons que très peu la téléviosion, mais je suis toujours à l'affut des documentaires sur des thèmes que nous abordons ou qui les pasisonnent. Et il m'arrive de ne pas les interrompre pour demander de faire un travail quand ils sont absorbés par une activité ou la musique.

 

Ils ont des activités à l'extérieur: font du sport, les trois plus grands sont même surclassés et s'entraînent chacun avec deux catégories; les deux du milieu ont commencé la natation cette année; tous sauf le plus jeune jouent aussi de la musique: l'aîné est au conservatoire pour le violon, le second et le troisième pratiquent le violoncelle et le violon en cours particuliers mais y entreront à la rentrée. Contrairement à beaucoup, ils aiment la rigueur du conservatoire: on reproche souvent à cette institution son exigence mais pour nous c'est une bouffée d'air dans la culture de médiocrité qui semble la norme dans l'Education Nationale. Ici, ils ont le droit d'aller à leur rythme et on leur demande le meilleur dont ils sont capables, sans jamais les laisser se reposer sur leurs seules capacités.

Aussi, nous prenons des cours particuliers pour l'anglais et le chinois et mon Presqueneuf apprend le russe via Babbel (son souhait), je pense, l'an prochain prendre un prof d'espagol en plus.

 

Finalement, choisir une pédagogie en particulier serait, pour nous, renoncer à une partie de notre liberté. Et nous n'avons certainement pas quité l'Education Nationale depuis suffisamment longtemps pour y renoncer de notre plein gré :)

 

 

 

 

 

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Commentaires
G
Je découvre ce blog et j'aime beaucoup votre article ! il me parle beaucoup à l'heure où je prépare nos débuts en IEF avec toutes les possibilités qui s'offrent à moi/nous; et je serais ravie que vous parliez un peu plus de l'aspect "IEF en appartement" car ça va être notre cas et suscite beaucoup d'interrogations dans ma petite tête...
L
Bonjour, je viens de découvrir votre site. Je me retourne bien dans votre article. Merci pour ce partage, on se sent moins seule. Si vous recherchez des manuels un peu plus "costauds" et bien conçus tant en maths qu'en français, allez voir sur le site Grip Éditions. On peut les consulter en ligne. Nous les utilisons depuis le CP avec beaucoup de succès. Le manuel de maths de CM1 est d'un très bon niveau ( CM1 et CM2) avec toute la partie géométrie que l'on ne retrouve pas chez Singapour.
M
Et bien, il semble que j'ai enfin trouvé la pédagogie qui colle, celle d'Enfantises and Co ! Je me retrouve dans cet excellent article, votre organisation et point de vue.
I
"Outsider", je ne le pense pas du tout, au contraire... Beaucoup de familles picorent ici et là et se contentent rarement d'une seule pédagogie, peut-être est-ce aussi en lien avec notre volonté de ne pas nous laisser enfermer, peut-être tout simplement parce qu'une méthode me semble difficilement parfaite pour un ensemble de personnes... <br /> <br /> Quant à savoir si l'enfant peut décider seul de quels savoirs peuvent être utiles pour lui, c'est une question que je me pose aussi. Si c'était à refaire, agirais-je de la même façon à savoir en imposant certains apprentissages même si les supports, la manière d'appréhender les choses ont toujours été choisis ensemble ? Aujourd'hui et depuis plusieurs années mes filles sont totalement libres parce qu'elles sont ados et que, oui je les pense capables de savoir ce qui peut leur convenir. Mais mon cheminement ne s'est de toute façon pas fait en un jour... Pour ma part je continue de penser que ce qui importe le plus c'est que la famille trouve le mode de fonctionnement qui lui convient à elle.
B
Bonjour, moi je me retrouve assez bien dans ton descriptif, j'ai aussi un THQI qui a besoin d'être "nourri intellectuellement", par contre ça me tracasse qu'il prenne trop d'avance, il a déjà sauté une classe avant de faire l'IEF (mais je pense qu'il retournera au collège l'an prochain pour voir plus souvent des amis, et je ne souhaite pas qu'il saute d'autres années), et nous avons gardé CPC uniquement pour maths et sciences (ceux de EAD belge), et pourtant ayant choisi son niveau actuel CM2, je trouve que c'est déjà bien plus poussé (les maths) que l'éducation nationale... donc déjà je crains qu'il s'ennuie ensuite au collège.<br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite comme toi, j'ai vu "Etre et Devenir", mais je trouve que cela omets tout de même certains parcours.... le mien veut devenir (pour l'instant) chercheur en sciences/médecine.. et je considère que cela nécessite forcément des savoirs "académiques" assez poussés (maths, sciences..)... on ne peut pas dire qu'un enfant va tout apprendre tout seul comme ça.. il faut parfois lui donner accès à des sources de savoirs plus académiques mais nécessaires pour certaines filières/carrières.<br /> <br /> <br /> <br /> Quels livres utilises-tu (français, maths..) ? et pour les autres matières, tu procèdes comment du coup (histoire, géo, sciences, art..) ? merci pour tes précisions...<br /> <br /> de mon côté, j'ai un certain nombre de manuels de la librairie des écoles (grammaire, histoire, géo), mais d'autres livres biensûr aussi.
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