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Enfantises & Co
30 avril 2015

Lettre ouverte à Najat Vallaud-Belkacem

 

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Comme tout un chacun je suis de près, et je dois dire, avec beaucoup d'inquiétude les réformes touchant à l'Education Nationale. Non pas que tout y soit parfait et rien n'ait besoin d'être changé,, loin de là, néanmoins comme déplacer les murs à l'intérieur d'une bâtisse vascillante ne me paraitrait pas une bonne idée sans un travail solide, en amont, au niveau des fondations, de la même manière je trouve ces réformes aussi bien que le changement de rythme si éloignés de la réalité que j'en viens à m'interroger quant aux motivations et compétences de notre gouvernement et en particulier de sa représentante au Ministère de l'Education.

Ainsi. j'ai eu occasion de lire ce communiqué où les commentaires des internautes sont bien plus intéressants, enrichissants et mieux construits que les réformes elles-memes et n'ai pu m'empêcher d'y apporter mon grain de sel parce que, mine de rien, les propos de Mme Vallaud-Belkacem m'ont déjà fait bondir plus d'une fois et qu'en citoyenne respectable je tiens à exercer ma liberté de parole quand bien même cela ne l'intéresse pas plus que ça (à vrai dire, je crois que les cheveux sur ma tête se dressent à peu près à chaque fois qu'elle ouvre la bouche, je ne parlerai donc pas ici - ou alors si peu- de son mépris pour les mères au foyer et familles traditionnelles, pas plus que ses préjugés au sujet de l'instruction en famille ou encore sa méconnaissance de lois la régisssant - ce qui, vous en conviendrez, est le comble pour une ministre de l'Education.). Dans la mesure où plus d'une heure après sa publication mon commentaire n'apparaît toujours pas et que tout de même je ne voudrais pas avoir fait ce travail d'écriture pour rien, le voici donc!

 

 

 

 

 

Madame la Ministre,

 

Je ne suis ni journaliste, ni enarque, ni enseignante, je ne suis qu'une mère au foyer "rétrograde" et "stéréotypée", à en croire vos discours on ne peut plus réducteurs; néanmoins, mère de famille nombreuse je pense être la première concernée par ce sujet on ne peut plus grave: considérez-moi donc comme une citoyenne tout ce qu'il y a de plus ordinaire, vous pouvez m'inventer le métier de  secrétaire dans une multinationale, conductrice de tractopelle ou même d'astronaute si vous en avez besoin pour me respecter.

 

Enfin, revenons à nos moutons, pardon, à vos réformes: vous n'en êtes pas à votre coup d'essai puisque l'an passé vous nous avez déjà imposé la semaine de cinq jours, et ce contre l'avis d'une très large majorité des parents et enseignants. Qui peut, aujourd'hui, un an plus tard, vous remercier pour cette mesure? Avez-vous seulement pris la peine de vous retourner et faire le bilan de vos décisions avant de vous attaquer à de nouveaux changements? Les enfants sont épuisés, les enseignants dépassés... Pensez-vous que cette situation soit réellement positive pour qui que ce soit et aide à lutter contre l'échec scolaire? Que votre objectif de respecter le rythme de l'enfant soit atteint? Quelle prétention tout de même, en l'état actuel des choses, de nous imposer à nouveau votre volonté qui n'est guidée que par votre orgueil, et ce malgré les avis des spécialistes, des enseignants, les pétitions, les supplications des parents et le bilan on ne peut plus mitigé de votre "travail" de l'an passé!

 

Quand vous parlez de "seulement 18%" de latinistes, avez-vous la moindre idée du nombre d'élèves que cela représente? Est-ce si "seulement" que cela? Que dois-je en conclure au sujet de votre envie d'apporter le meilleur aux enfants comme les miens, en occurrence à haut potentiel, qui ne représentent "que" 2% de la population (soit plusieurs milliers d'enfants en France tout de même)? Votre volonté à détruire l"élitisme" signifie-t-elle que ces enfants, que la nature a pourvu de capacités cognitives supérieures à la norme (quel scandale!), et pour lesquels les options, les classes bilingues, les internat d'excellences et classes à horaires aménagés sont aujourd'hui les seules bouffées d'air possibles dans un milieu confiné et nivelé par le bas, seront encore moins pris en compte qu'ils ne le sont aujourd'hui? Par ailleurs, avez-vous déjà seulement mis les pieds dans un collège: croyez-vous sincèrement qu'une immense majorité d'élèves désire étudier les "Langues et cultures d'Antiquité", au point de retirer leur chances à ceux qui veulent réellement en apprendre quelque chose?

Mais parlons encore de langues puisque tel est votre cheval de bataille: aujourd'hui, de la sixième jusque la terminale, une LV1 est apprise pendant au moins sept années (!) voire davantage si l'enfant a eu la chance d'avoir un instituteur connaissant quelque mots de la langue de Shakespeare; mais connaissez-vous beaucoup de bilingues sortant de l'EN en dehors des classes du même nom que vous avez prévu de supprimer? A quoi cela rime-t-il d'ajouter une LV2 plus tôt si ni les moyens ni les programmes ne permettent d'apprendre correctement ne serait-ce que la première? Ne pensez-vous pas qu'il serait plus utile de s'attacher au contenu qu'au contenant et mettre en place les programmes, les outils et les moyens afin de réussir à en enseigner correctement ne serait-ce qu'une seule?

Quant à ce choix d'allemand... bien que je comprends votre volonté de faire plaisir aux partenaires européens (quoique même sur ce point il semblerait que vous ayez échoué) et que j'ai un immense respect pour les professeurs de cette langue, est-il toutefois judicieux de fixer le débat seulement sur une langue relativement peu utilisée, alors que de toute évidence les diplômés de demain auront surtout besoin de mandarin, de portugais voire de russe? Quel objectif visez-vous exactement pour nos enfants et pour le rôle de la France sur le point international? Pourquoi ne pas donner à nos futurs spécialistes les outils nécessaires pour évoluer dans un monde où il faut regarder vers l'avant et compter avec les pays émergents?

 

Par ailleurs avez-vous la moindre idée du temps nécessaire pour développer un programme et une méthodologie nouvelle? Concevoir les manuels? Former les professeurs? Comment peut-on appliquer les changements qui se veulent radicaux dès la rentrée prochaine?? Il me semble -mais certes je ne suis qu'une profane- que le plus logique aurait été de commencer par développer les programmes et les outils pédagogiques, les tester à petite échelle dans quelque écoles pilotes, ensuite les enseigner aux nouveaux professeurs sortant des universités, faire passer des formations aux autres, avant de l'appliquer à plus large échelle. Existe-t-il aujourd'hui, au sein de l'EN, un seul professeur formé à cette approche "transversale" que vous défendez et voulez mettre en place coûte que coûte dès la rentrée prochaine?

 

Je ne parlerai même pas de la réduction d'heures de français (qui, comme nous avons déjà pu le voir, est loin d'être à portée de tout le monde y compris au sein du ministère) et de mathématiques (qui sont avant tout un exercice de logique permettant de structurer la pensée) au profit des heures dédiées à "devenir un élève de sixième". Quelle ineptie! Pourquoi ne pas prévenir ce problème dans les petites classes plutôt que du perdre du temps qui devrait être consommé à l'acquisition de fondamentaux indispensables?

 

Enfin, Madame la Ministre, dites-moi, combien de vos collègues envoient-ils leurs propres enfants dans cette école publique qui vous est si chère, au profit de la mixité sociale que vous dites défendre? Ou bien ce qui est assez bien pour le peuple serait-il insuffisant lorsqu’il s'agit de l'avenir de la chair de votre chair? 

 

Ce qui m'inquiète par-dessus tout c'est les capacités de réflexion et de remise en question de la génération montante ainsi que la valeur du diplôme français dans le monde de demain. Votre réforme aura certainement un seul effet positif: elle empêchera la fuite des cerveaux... en les éliminant tous à la racine.

 

 

NB: - Le lendemain de sa rédaction dans les commentaires du communiqué, mon message n'a toujours pas été publié. Celle qui s'indignait au lendemain des attentats de Charle Hebdo pratiquerait-elle elle-même la censure?

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Commentaires
P
Le but de l'opération est la crétinisation du plus grand nombre. L'ignorance est le garant de la soumission à l'ordre capitaliste que NVB est chargée de défendre, à son niveau.
O
Il faudra enfin dire un jour que les enfants ne sont pas tous égaux en terme d'apprentissage, et arrêter de confondre inégalités sociales, culturelles et intellectuelles : certains apprennent vite, voire très vite, (comme ces fameux 2% de HPI), et certains ont besoin de plus de temps. Niveler les niveaux par le bas au nom d'une pseudo égalité est une bêtise (1).<br /> <br /> D'autre part, si les langues étaient bien enseignées, les "professeurs des écoles" n'auraient pas besoin de formation pour apprendre qq notions d'anglais à des enfants de 9 ans (n'ont-ils pas, ces instits, passé leur bac et eu 7 sept ans d'anglais enseignés par leurs pairs profs des collèges et lycées?)<br /> <br /> Alors, oui à la reconnaissance du rythme d'apprentissage de chacun, et oui à l'apprentissage corrects des langues (même l'allemand, qui, rappelons-le, est parlé par 100 millions d'européens -et au diable cette germanophobie transmise par nos aînés et nos profs).<br /> <br /> <br /> <br /> (1) tout comme rejeter de l'enseignement classique cette fameuse tranche des 2% en lui refusant tout enseignement (mises à parts qq classes expérimentales ou privées); mais c'est une autre histoire...
D
Bien envoyé ! Clair, ferme, bien écrit, on peut difficilement faire mieux passer le message. Je vous applaudis des deux mains !
J
il est vrai qu'actuellement c'est beaucoup mieux, qu'il ne faut surtout rien toucher. Un grand nombre d'enfants ne savent même pas lire en troisième comment voulez vous qu'ils trouvent du travail. Mais ne touchons surtout à rien des gens très intelligents, comme les journalistes, éditorialistes et philosophes ont dit que ce n'était pas bien d'essayer de modifier les choses
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